Contes Merveilleux Tome I - Grimm Jakob et Wilhelm. Страница 34

Hansel, cependant, continuait a semer des miettes de pain le long du chemin.

La maratre conduisit les enfants au fin fond de la foret, plus loin qu'ils n'etaient jamais alles. On y refit un grand feu et la femme dit:

– Restez la, les enfants. Quand vous serez fatigues, vous pourrez dormir un peu nous allons couper du bois et, ce soir, quand nous aurons fini, nous viendrons vous chercher.

A midi, Grethel partagea son pain avec Hansel qui avait eparpille le sien le long du chemin. Puis ils dormirent et la soiree passa sans que personne ne revint aupres d'eux. Ils s'eveillerent au milieu de la nuit, et Hansel consola sa petite s?ur, disant:

– Attends que la lune se leve, Grethel, nous verrons les miettes de pain que j'ai jetees; elles nous montreront le chemin de la maison.

Quand la lune se leva, ils se mirent en route. Mais de miettes, point. Les mille oiseaux des champs et des bois les avaient mangees. Les deux enfants marcherent toute la nuit et le jour suivant, sans trouver a sortir de la foret. Ils mouraient de faim, n'ayant a se mettre sous la dent que quelques baies sauvages. Ils etaient si fatigues que leurs jambes ne voulaient plus les porter. Ils se coucherent au pied d'un arbre et s'endormirent. Trois jours s'etaient deja passes depuis qu'ils avaient quitte la maison paternelle. Ils continuaient a marcher, s'enfoncant toujours plus avant dans la foret. Si personne n'allait venir a leur aide, ils ne tarderaient pas a mourir. A midi, ils virent un joli oiseau sur une branche, blanc comme neige. Il chantait si bien que les enfants s'arreterent pour l'ecouter. Quand il eut fini, il deploya ses ailes et vola devant eux. Ils le suivirent jusqu'a une petite maison sur le toit de laquelle le bel oiseau blanc se percha. Quand ils s'en furent approches tout pres, ils virent qu'elle etait faite de pain et recouverte de gateaux. Les fenetres etaient en sucre.

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Dessinateur inconnu

– Nous allons nous mettre au travail, dit Hansel, et faire un repas beni de Dieu. Je mangerai un morceau du toit; ca a l'air d'etre bon!

Hansel grimpa sur le toit et en arracha un petit morceau pour gouter. Grethel se mit a lecher les carreaux. On entendit alors une voix suave qui venait de la chambre

– Langue, langue leche!

Qui donc ma maison leche?

Les enfants repondirent

– C'est le vent, c'est le vent.

Ce celeste enfant.

Et ils continuerent a manger sans se laisser detourner de leur tache. Hansel, qui trouvait le toit fort bon, en fit tomber un gros morceau par terre et Grethel decoupa une vitre entiere, s'assit sur le sol et se mit a manger. La porte, tout a coup, s'ouvrit et une femme, vieille comme les pierres, s'appuyant sur une canne, sortit de la maison. Hansel et Grethel eurent si peur qu'ils laisserent tomber tout ce qu'ils tenaient dans leurs mains. La vieille secoua la tete et dit:

– Eh! chers enfants, qui vous a conduits ici? Entrez, venez chez moi! Il ne vous sera fait aucun mal.

Elle les prit tous deux par la main et les fit entrer dans la maisonnette. Elle leur servit un bon repas, du lait et des beignets avec du sucre, des pommes et des noix. Elle prepara ensuite deux petits lits. Hansel et Grethel s'y coucherent. Ils se croyaient au Paradis.

Mais l'amitie de la vieille n'etait qu'apparente. En realite, c'etait une mechante sorciere a l'affut des enfants. Elle n'avait construit la maison de pain que pour les attirer. Quand elle en prenait un, elle le tuait, le faisait cuire et le mangeait. Pour elle, c'etait alors jour de fete. La sorciere avait les yeux rouges et elle ne voyait pas tres clair. Mais elle avait un instinct tres sur, comme les betes, et sentait venir de loin les etres humains. Quand Hansel et Grethel s'etaient approches de sa demeure, elle avait ri mechamment et dit d'une voix mielleuse:

– Ceux-la, je les tiens! Il ne faudra pas qu'ils m'echappent!

A l'aube, avant que les enfants ne se soient eveilles, elle se leva. Quand elle les vit qui reposaient si gentiment, avec leurs bonnes joues toutes roses, elle murmura:

– Quel bon repas je vais faire!

Elle attrapa Hansel de sa main reche, le conduisit dans une petite etable et l'y enferma au verrou. Il eut beau crier, cela ne lui servit a rien. La sorciere s'approcha ensuite de Grethel, la secoua pour la reveiller et s'ecria:

– Debout, paresseuse! Va chercher de l'eau et prepare quelque chose de bon a manger pour ton frere. Il est enferme a l'etable et il faut qu'il engraisse. Quand il sera a point, je le mangerai.

Grethel se mit a pleurer, mais cela ne lui servit a rien. Elle fut obligee de faire ce que lui demandait l'ogresse. On prepara pour le pauvre Hansel les plats les plus delicats. Grethel, elle, n'eut droit qu'a des carapaces de crabes. Tous les matins, la vieille se glissait jusqu'a l'ecurie et disait: – Hansel, tends tes doigts, que je voie si tu es deja assez gras.

Mais Hansel tendait un petit os et la sorciere, qui avait de mauvais yeux, ne s'en rendait pas compte. Elle croyait que c'etait vraiment le doigt de Hansel et s'etonnait qu'il n'engraissat point. Quand quatre semaines furent passees, et que l'enfant etait toujours aussi maigre, elle perdit patience et decida de ne pas attendre plus longtemps.

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Dessin de Henry Altemus

– Hola! Grethel, cria-t-elle, depeche-toi d'apporter de l'eau. Que Hansel soit gras ou maigre, c'est demain que je le tuerai et le mangerai.

Ah, comme elle pleurait, la pauvre petite, en charriant ses seaux d'eau, comme les larmes coulaient le long de ses joues!

– Dieu bon, aide-nous donc! s'ecria-t-elle. Si seulement les betes de la foret nous avaient devores! Au moins serions-nous morts ensemble!

– Cesse de te lamenter! dit la vieille; ca ne te servira a rien!

De bon matin, Grethel fut chargee de remplir la grande marmite d'eau et d'allumer le feu.

– Nous allons d'abord faire la pate, dit la sorciere. J'ai deja fait chauffer le four et prepare ce qu'il faut. Elle poussa la pauvre Grethel vers le four, d'ou sortaient de grandes flammes.

– Faufile-toi dedans! ordonna-t-elle, et vois s'il est assez chaud pour la cuisson. Elle avait l'intention de fermer le four quand la petite y serait pour la faire rotir. Elle voulait la manger, elle aussi. Mais Grethel devina son projet et dit:

– Je ne sais comment faire, comment entre-t-on dans ce four?

– Petite oie, dit la sorciere, l'ouverture est assez grande, vois, je pourrais y entrer moi-meme.

Et elle y passa la tete. Alors Grethel la poussa vivement dans le four, claqua la porte et mit le verrou. La sorciere se mit a hurler epouvantablement. Mais Grethel s'en alla et cette epouvantable sorciere n'eut plus qu'a rotir.