Франция: Общественно-политические реалии - Конобеев Владимир. Страница 2
Il importe de relever ici que l'invention de réseaux de soins coordonnés, intégrant médecine de ville et médecine hospitalière, reste à faire. Moins que de grandes réformes, c'est d'expériences multiples qu'il s'agit avant tout. Chercher, imaginer, innover est aussi nécessaire dans ce secteur que dans les autres, et peut être largement aussi fructueux. La puissance publique doit le permettre et, pour cela, donner de l'autonomie
4. Servicenational. Depuis les soldats de l'An II, la tradition politique française a toujours considéré qu'il n'y avait d'alternative qu'entre l'armée de métier et l'armée de conscription. Pour des raisons tenant à l'histoire, toutes nos républiques ont toujours préféré la conscription, et le rôle positif joué par le contingent, il y a moins de trente ans, lors du putsch des généraux d'Alger, n'a fait que renforcer ce choix.
Ainsi, toute amputation, en temps ou en hommes, du service national, a toujours été perçue comme un pas vers une armée exclusivement composée de professionnels.
Tout le monde sait désormais que l'alternative n'est pas aussi tranchée, que si le nucléaire ne peut être manié par le contingent, en revanche il est bien des aspects de la défense qui n'exigent pas une égale spécialisation et, partant, n'exigent pas nécessairement une longue période de préparation Sur le sens, il y a au moins trois types de fonctions : l'affectation dans des unités traditionnelles, l'affectation volontaire au sein de la gendarmerie et de la police, ou encore des tâches spécifiquement civiles, qu'il s'agisse de la coopération ou de la prévention des catastrophes naturelles.
S'agissant de la localisation des affectations, il existe deux voies qui doivent être particulièrement explorées. La première consiste à rechercher des solutions européennes pour faire en sorte que puissent servir dans les mêmes unités les appelés originaires des diverses nations qui connaissent la conscription. La seconde tendrait au contraire à permettre un casernement aussi proche que possible du domicile habituel, de sorte que soit clairement perçue, et judicieusement inspirée, la nécessité de défendre l'environnement familier.
5. Suffrage universel. Voilà des dizaines d'années que la science politique tente, sans succès, de découvrir les motivations profondes qui font le vote. Nous-mêmes ne savons pas toujours ce qui en réalité nous détermine et moins encore ce qui anime notre voisin. Parfois des indices sont donnés, et il arrive qu'on trouve les raisons décevantes ou curieuses.
Non seulement le suffrage universel est légitime, mais il est efficace. Il délivre des messages d'une clarté indiscutable et prend des décisions dont l'histoire se charge de démontrer le bien-fondé, même à ceux qui ne l'avaient pas initialement perçu.
La démagogie a beaucoup moins d'emprise qu'on ne croit Ceux qui en font preuve et sont élus le sont malgré elle — parce que leurs adversaires ont été jugés moins bons encore — et non grâce à elle.
France ne sera jamais lancée dans une aventure par la voie du suffrage universel.
La grande leçon des dernières décennies, que d'autres avaient déjà pressentie mais que notre démocratie a confirmée, c'est que personne n'est plus intelligent que tout le monde.
6. Vulgate Toute finalité réside dans l'homme et non dans un système, même si l'organisation sociale peut aider l'homme à se perfectionner.
Le bonheur n'est pas affaire du politique, tandis que le malheur en relève souvent, pour ses causes et pour ses remèdes.
Seule la mort est fatale, et nullement la détresse, la violence, la misère.
Le cœur et la raison sont conciliables et s'enrichissent mutuellement. La raison peut être généreuse et le cœur efficace.
L'attachement à ce qui est consenti est supérieur à la force de ce qui est imposé.
Le respect de l'autre est nécessaire aux contrats, et les contrats nécessaires au progrès.
La vérité, la justice et la démocratie sont tout ensemble une morale, une méthode et un but.
7. Université C'est par tradition que de grands pays développés ont toujours apporté à leur université des soins, des efforts, de l'argent. Jamais riche, l'enseignement supérieur français a vu sa situation empirer. Quand triplait le nombre d'étudiants, les ressources ne faisaient que doubler.
Il faut toute l'intelligence, tout le talent de ceux qui, en son sein, font effectivement de la recherche, pour parvenir à ce résultat miraculeux qui fait que l'université française continue de jouir à l'étranger d'une réputation prestigieuse. "Mais ce n'est pas dans les finances que réside le problème majeur, même si on ne peut pas à en nier l'importance.
Il est plutôt dans la définition d'une politique de formation qui soit assez généralement admise pour qu'on cesse de refaire loi sur loi, assez ambitieuse pour mobiliser les énergies nécessaires, et assez efficace pour démontrer à qui en doute que l'argent investi l'est bien à bon escient.
Cela exige d'abord le rappel bref de quelques évidences.
Première évidence : la France n'a pas trop d'étudiants, au contraire elle en manque. Par rapport aux pays comparables, le nôtre offre des formations supérieures à beaucoup moins de jeunes, ce qui se répercute ensuite dans la compétitivité des entreprises.
Deuxième évidence : il ne faut donc en aucun cas rendre plus difficile l'accès à l'université, et le pacte qui fait du baccalauréat le ticket d'entrée doit naturellement être sauvegardé.
Troisièrne_évidence : la sélection en cours d'études doit être stricte, et rien ne serait plus dommageable à tous que de dévaloriser les diplômes par une formation au rabais. Le problème n'est donc pas de les rendre plus faciles. Il est d'une part de mieux préparer les étudiants à en affronter les épreuves. Il est d'autre part de faire en sorte que ceux qui échoueront n'aient pas perdu leur temps.
Quatrième évidence : il faut orienter les étudiants d'une double manière. À l'entrée à l'université, par l'information exclusivement, non pas en leur fermant des portes mais en leur faisant connaître les débouchés existant dans chacune des filières, parce que eux-mêmes sont assez conscients pour n'emprunter les voies les plus étroites qu'en en mesurant les risques. En cours d'études ensuite, en leur offrant des perspectives leur permettant de rentabiliser ce qu'ils ont déjà fait, pendant une année, ou deux, ou trois, au moment où un échec leur interdit d'aller plus avant dans la voie qu'ils avaient prioritairement choisie, ou encore au moment où ils découvrent s'être trompés de voie.
Cinquième évidence : mettre en avant l'idée de cette orientation sans avoir préalablement créé les filières qui lui sont nécessaires relève de la plus parfaite hypocrisie, n'orienterait que vers le vide et n'engendrerait que des orphelins de toute formation.
8. Service public C'est avant tout le service du public. Les activités qu'il lui revient de prendre en charge sont de celles que seule la collectivité peut assumer dans des conditions qui satisfassent aux exigences d'égalité, de continuité et d'adaptation.
Initialement limité aux tâches qu'il n'était pas possible d'abandonner à l'initiative privée et à ses règles (défense, police, justice, monnaie...) il s'est peu à peu étendu à des activités qu'on ne jugeait pas souhaitable de laisser entre les mains du privé. De ce fait, on est passé de l'indiscutable au discutable, du constat à l'appréciation, et la comparaison avec les solutions étrangères montre bien que plusieurs réponses sont concevables.
Toutes les positions intermédiaires sont imaginables, entre le collectivisme absolu — tout est service public — et le libéralisme dogmatique — seuls sont services publics ceux que l'intérêt du privé lui-même exclut qu'il les prenne en charge, soit parce qu'ils ne sont pas rentables, soit parce qu'il faut bien qu'existe une autorité garante de l'ordre social.