Les Aventures De Pinocchio - Collodi Carlo. Страница 14
– Ces pieces – questionna la Fee – ou sont-elles maintenant?
– Je les ai perdues!
C’etait un mensonge. Les pieces, Pinocchio les avaient dans sa poche. Et il n’eut pas plus tot menti que son nez, deja consequent, s’allongea immediatement.
– Et ou les as-tu perdues?
– Dans le bois.
C’etait un deuxieme mensonge. Le nez de Pinocchio s’allongea encore plus.
– Si tu les as perdues dans le bois, on va les chercher et on les retrouvera. Tout ce qui se perd dans ce bois se retrouve toujours.
– Ah oui! Maintenant, je me rappelle. – repliqua la marionnette qui s’embrouillait – Les quatre pieces d’or, je ne les ai pas perdues. Je n’ai pas fait attention et je les ai avalees avec votre medicament.
A ce troisieme mensonge, son nez grandit tellement que Pinocchio ne pouvait plus tourner la tete. S’il la tournait d’un cote, le nez rencontrait le lit ou les vitres de la fenetre. S’il la tournait de l’autre, il se heurtait aux murs ou a la porte de la chambre. Et s’il relevait tant soit peu la tete, il risquait de crever un ?il a la Fee.
Celle-ci le regardait en riant.
– Pourquoi riez-vous – s’enquit la marionnette, soucieuse et confuse a cause de ce nez qui n’arretait pas de croitre.
– Je ris de tes mensonges.
– Et comment savez-vous que j’ai menti?
– Mon garcon, les mensonges se reperent tout de suite. Il y a ceux qui ont les jambes courtes et ceux qui ont le nez long. A l’evidence, tes mensonges a toi font partie de la deuxieme categorie.
Honteux, ne sachant plus ou se cacher, Pinocchio essaya de s’enfuir de la piece mais il n’y parvint pas. Son nez etait desormais si grand qu’il ne pouvait plus passer par la porte.
Chapitre 18
Comme on peut le deviner, la Fee laissa pleurer et hurler Pinocchio, furieux de ne pas pouvoir sortir a cause de son nez. Elle voulait lui donner une lecon afin qu’il perde l’habitude de dire des mensonges, le plus gros defaut qu’un enfant puisse avoir. Mais quand elle le vit transfigure par le desespoir, les yeux lui sortant de la tete, elle eut pitie de lui et frappa dans ses mains. Tout un essaim d’oiseaux appeles piverts entra par la fenetre. Se posant sur le nez disproportionne de la marionnette, ils entreprirent de le becqueter tant et si bien qu’en quelques minutes, le nez retrouva sa taille normale.
– Vous etes ma bonne Fee et je vous aime beaucoup! – s’exclama Pinocchio en sechant ses larmes.
– Moi aussi, je t’aime – repondit la Fee – et si tu souhaites rester ici avec moi, tu seras mon petit frere et moi je serai ta gentille petite s?ur.
– Je resterais bien volontiers mais… mon pauvre papa?
– J’ai pense a tout. Ton papa a ete averti. Il sera la avant la nuit.
– Vraiment? – hurla Pinocchio en sautant de joie – Alors, si vous le permettez, ma bonne Fee, je voudrais aller a sa rencontre. Il me tarde de pouvoir l’embrasser, lui qui a tant souffert a cause de moi!
– Va donc, mais fais attention de ne pas te perdre. Prends la route qui traverse le bois. En passant par-la, je suis sure que tu le trouveras.
Pinocchio partit et, des qu’il fut dans la foret, il se mit a courir comme un chevreuil. Pourtant, arrive pres du Grand Chene, il s’arreta: il lui avait semble entendre marcher dans le sous-bois. Il ne s’etait pas trompe. Or savez-vous qui apparut sur le chemin? Le Renard et le Chat, ses deux compagnons de voyage avec lesquels il avait dine a l’auberge de l’Ecrevisse Rouge!
– Mais c’est notre cher Pinocchio! – s’exclama le Renard en le prenant dans ses bras et en l’embrassant. Que fais-tu donc ici?
– Que fais-tu donc ici? – repeta le Chat.
– C’est une longue histoire – leur repondit la marionnette – que je vous raconterai quand j’aurai le temps. Sachez pourtant que l’autre nuit, quand vous m’avez laisse tout seul a l’auberge, je suis tombe sur des brigands.
– Des brigands? Pauvre ami! Et que voulaient-ils, ces brigands?
– Me voler mes pieces d’or.
– Les infames! – glapit le Renard.
– Les infames! – repeta le Chat.
– Je me suis sauve mais ils m’ont suivi et, apres m’avoir rattrape, ils m’ont pendu a une branche de ce chene.
Pinocchio montra le Grand Chene.
– C’est vraiment terrible! – gemit le Renard. Dans quel monde sommes-nous donc condamnes a vivre! Et quel refuge pouvons-nous trouver, nous, les honnetes gens?
Alors qu’ils devisaient ainsi, Pinocchio remarqua que le Chat boitait de sa jambe anterieure droite, car il n’avait plus ni ongles ni coussinets. Il lui demanda:
– Qu’est-il arrive a ta patte?
Le Chat voulut repondre mais il ne savait que dire. Alors, le Renard intervint:
– Mon ami est trop modeste, c’est pourquoi il ne repond pas. Je parlerai pour lui. Apprends donc que nous avons croise sur le chemin, il y a une heure, un vieux loup a demi-mort de faim qui nous demanda l’aumone. Comme nous n’avions meme pas une arete de poisson a lui donner, qu’a fait notre ami qui a vraiment un c?ur d’or? Il s’est sectionne une patte de devant et l’a jetee a cette pauvre bete afin qu’elle cesse de jeuner.
Le Renard essuya une larme.
Pinocchio, trouble lui aussi, s’approcha du Chat et lui dit a l’oreille:
– Si tous les chats etaient comme toi, les souris auraient de la chance!
– Et a present, qu’est-ce qui t’amene par ici? – questionna le Renard.
– J’attends mon papa qui doit arriver d’un moment a l’autre.
– Et tes sequins?
– Je les ai toujours. Ils sont dans ma poche, sauf un qui m’a servi a payer l’aubergiste.
– Quand on pense qu’au lieu de quatre pieces, tu pourrais en avoir mille ou meme deux mille des demain! Pourquoi ne suis-tu pas mon conseil? Pourquoi ne vas-tu pas les semer dans le Champ des Miracles?
– Aujourd’hui, c’est impossible. J’irai un autre jour.
– Un autre jour? Ce sera trop tard.
– Pourquoi?
– Parce que le champ a ete achete par un grand seigneur et que, a partir de demain, il sera interdit a tout le monde d’y semer de l’argent.
– On est loin du Champ des Miracles? – s’enquit alors Pinocchio.